Petit pays

Petit pays

Gaël Faye

informations
● DATE DE PARUTION : 2016 pour la première édition.
● NOMBRE DE PAGES : 224 pages.
● ÉDITION DE TON LIVRE : France Loisirs.
● QUATRIÈME DE COUVERTURE : Avant, Gabriel faisait les quatre cents coups avec ses copains dans leur coin de paradis. Et puis l’harmonie familiale s’est disloquée en même temps que son « petit pays », le Burundi, ce bout d’Afrique centrale brutalement malmené par l’Histoire.

Plus tard, Gabriel fait revivre un monde à jamais perdu. Les battements de cœur et les souffles coupés, les pensées profondes et les rires déployés, le parfum de citronnelle, les termites les jours d’orage, les jacarandas en fleur… L’enfance, son infinie douceur, ses douleurs qui ne nous quittent jamais.
● Y A-T-IL UNE SUITE ? Non.

aurélie

Ton avis
● RÉSUMÉ PERSONNEL : L’enfance est la période de l’innocence, celle où l’on se construit d’abord dans la réalité de notre bulle avant de se forger dans la réalité du monde extérieur. L’enfance de Gabriel était douce, faite de cueillette de mangues, de pêche, de plans sur la comète dans le vieux Combi avec les copains du quartier. Un quartier de privilégiés, de gens riches. Gabriel aime son pays, le Burundi, celui qui l’a vu naître même s’il est Franco-Rwandais. C’est chez lui et il ne comprend pas bien pourquoi son copain Gino lui dit qu’il doit se sentir concerné par ce qu’il se passe au Rwanda. Il ne comprend pas bien pourquoi sa mère, réfugiée rwandaise, commence à dire que c’est la faute des Français. Il comprend par contre pourquoi son père a toujours refusé de leur parler de politique, à lui et Ana : une fois qu’il prend conscience de ce qu’il se passe, une fois qu’il voit, il n’y a plus de retour en arrière…
● LE LIVRE EN UN MOT : Déchirant.
● UNE CITATION : « J’enroule une tresse de Maman autour de mes doigts et je relis le poème de Jacques Roumain offert par Mme Economopoulos le jour de mon départ : « Si l’on est d’un pays, si l’on y est né, comme qui dirait : natif-natal, eh bien, on l’a dans les yeux, la peau, les mains, avec la chevelure de ses arbres, la chair de sa terre, les os de ses pierres, le sang de ses rivières, son ciel, sa saveur, ses hommes et ses femmes… »
Je tangue entre deux rives, mon âme a cette maladie-là. »
● UNE NOTE SUR 10 : 10/10
● TON AVIS : Petit pays est l’histoire de ces milliers d’enfances volées par les guerres civiles et les génocides. Petit pays est l’histoire aussi de ces pays dont les frontières ont été imposées par les colons sans tenir compte des ethnies. Petit pays est l’histoire de ces pays qui, après la décolonisation, laissent leurs anciennes colonies se débrouiller pour ériger des démocraties en quelques mois seulement alors qu’eux ont eu plusieurs siècles pour se construire. Petit pays est l’histoire d’un petit garçon qui est forcé de grandir trop vite.

Je connaissais le génocide rwandais de loin, j’avais effleuré simplement ce pan d’histoire parce qu’il nous est conté avec un regard extérieur, parce que j’étais encore petite à cette époque et que j’ai découvert cette histoire plus de dix ans après. Je ne savais rien du Burundi. Et puis Petit pays m’a permis de découvrir une partie de cette histoire à travers le regard de Gabriel, à travers un regard innocent qui ne comprend pas bien ce qu’il se passe, parce qu’il est privilégié mais, surtout, protégé par ses parents. Seulement, la situation dégénère et la protection n’est plus aussi solide, elle vole en éclats.

Si le roman n’amène pas de débat politique, le récit sème quelques graines qui ont fait germer dans mon esprit questions et réflexions. J’ai toujours eu un regard extrêmement dur envers la gestion des décolonisations et leurs conséquences, envers les réflexions du genre « on leur a rendu leur indépendance et ils n’ont pas su la gérer ». C’est bien plus complexe que ça et, sans entrer dans le détail, Petit pays apporte des éléments de réponse. Des éléments glaçants, qui poussent à vouloir plus encore changer les mentalités et à remettre en question le fonctionnement de l’ONU.

À travers la plume de Gaël Faye, l’enfance est douce, savoureuse, sucrée et parfumée. Elle s’étire tel un chat au soleil, lentement, profite du soleil et des pluies, des plaisirs simples de la vie. Puis, brutalement, elle chute, les mots perdent leur innocence et les images deviennent graves, choquantes, et la nausée monte. Elle grime si vite qu’on se demande où est passée cette douce enfance, on la regrette et, en un claquement de doigts, elle a disparu. Et c’est ce rythme, lent au départ, puis tout en dégringolade qui nous rappelle que, du jour au lendemain, tout peut basculer. Gabriel sentait le temps tourner, il sentait cette odeur d’orage mais tout était fait pour qu’il se gorge de soleil le plus longtemps possible. Lui qui ne voulait pas choisir de camp comme ses copains, lui qui ne comprenait pas pourquoi il était le Français, le Tutsi rwandais, le gosse de riche ou le métis alors que, dans son cœur, il se sentait simplement enfant du Burundi…

Personne ne devrait avoir à vivre ça mais tout le monde doit savoir. Avec ce récit d’enfant, Gaël Faye nous permet de toucher du doigt cette histoire qui semble si loin et pourtant si proche : le passé devrait servir de mémoire, il n’est encore aujourd’hui que prétexte à la surenchère. L’Homme n’apprend que peu mais, en secouant les mentalités, peut-être qu’un jour, le passé deviendra enfin leçon et non plus règle à suivre.

Petit pays n’est pas un livre d’histoire, c’est un roman, une fiction où l’on sent tout de même une grande part de vérité et, surtout, de vécu. J’ai aimé suivre les aventures de Gabriel, apprendre à travers son regard ce « petit pays », cette région des grands lacs, sa beauté, ses trésors mais surtout ses plaies. Et pour poursuivre le voyage, rien de mieux que les chansons de l’auteur qui permettent de se plonger plus encore dans son univers. Gaël Faye est un artiste avec de l’or au bout des mots, qu’il les couche sur papier ou qu’il les mette en musique. Et je regrette simplement d’être passée à côté aussi longtemps.

Cet avis n’a pas été facile à écrire, parce que j’avais tant à dire et en même temps si peu de mots pour l’exprimer que ça reste assez brouillon mais je vais le laisser tel quel, parce que c’est comme ça que les mots sont venus. C’est un coup de cœur mais aussi un coup à l’âme. Et je vous laisse un peu de ce « Petit pays » en musique.

● À QUI LE CONSEILLES-TU ? À partir de l'adolescence et à tout le monde. Parce que c'est un livre simple qui permet de prendre conscience de beaucoup de choses.

J'avais les larmes aux yeux durant cette lecture. Le début est un peu long mais dès que la tension monte, ce livre ne se lâche plus jusqu'à la dernière page. J'ai lu des témoignages sur le génocide rwandais par les survivants tutsis mais ce roman nous place de manière plus éloignée avec des enjeux politiques différents. Et voir un gamin endurer toutes ces souffrances, j'avais mal pour lui.

C'est tout à fait ça. Puis tout ce que traverse sa mère est bouleversant. La nuit quand elle parle à sa petite fille, ça en devient même glaçant !

J'en ai beaucoup entendu parler et je comprends pourquoi. Je ne connaissais pas du tout le sujet mais ce que tu en dis me donne très envie de le découvrir (surtout qu'en France on a vraiment un gros problème avec la période de la colonisation et notre façon de la raconter dans le milieu de l'éducation je trouve).
Ceci dit je vais attendre un peu pour le découvrir, j'ai lu il y a peu un bouquin qui racontait également des faits historiques très durs donc je vais lire des livres tout doux pour souffler un peu. ^^

Ce livre est une pépite ! Une lecture qui ne laisse pas indifférent... Un récit fort et réaliste mais qui ne sombre jamais dans le mélodrame.
À travers cette fiction, on nous laisse entrevoir l'horreur du génocide au Rwanda à travers des yeux d'un enfant. Par ses mots, ce récit nous fait réfléchir. Il nous ouvre aussi les yeux sur cette période de l'Histoire que personnellement je connaissais assez peu ou juste dans les grandes lignes. Je trouve que le point de vue d'un enfant rend le récit plus effarant quand on pense à ces enfances marquées à vie par ces actes.
D'ailleurs, je me souviens d'une citation (mais pas de la page) : « Le génocide est une marée noire, ceux qui ne s'y sont pas noyés sont mazoutés à vie. »

C'est un roman prenant et fort en émotions et qui nous fait réfléchir à beaucoup de choses.
Je le conseille à tout le monde !

Je viens de finir ce livre et je suis en quête de voir ce que les gens en ont pensé.
Je ne suis pas surprise de voir vos avis, je m'en doutais un peu.

Je n'ai pas aimé ce livre. C'est un euphémisme. Pendant, quoi, pendant la moitié du livre, je croyais que c'était une fiction et je me suis demandé pourquoi voudrait-on écrire un livre sur un enfant bourgeois, pas sympa, qui ne nous montre pas le pays, le tout enrobé dans des phrases poético-bof.
Et après j'ai compris que c'était une autobiographie. Je ne trouve les autobiographies intéressantes que quand la vie du personnage est intéressante ou quand c'était une bonne personne. Ce n'est ni l'un ni l'autre. Alors, c'est triste et terrible ce qu'il s'est passé et parfois ce qu'il a vécu. Mais comme témoignage de la guerre au Burundi ou du génocide au Rwanda, hmpf. Raconter l'histoire de sa mère aurait été beaucoup plus intéressant : elle commence le livre en disant que ses enfants sont blancs et ne doivent pas se soucier du Rwanda pour finir détruite parce que son pays l'a été. Ça c'est fort.
Et j'ai encore une dizaine d'autres points qui m'ont déplue.

Bref, je suis très déçue de ce livre parce qu'on en dit beaucoup de bien. Je vois pourquoi ça plairait à des lycéens, d'où le prix Goncourt. Je vois les tentatives de jolies phrases. Mais ça n'a pas été probant pour moi !

Je comprends ton point de vue en voyant tes attentes sur ce livre. Clairement, Petit Pays n'est pas un récit du point de vue adulte et explicite sur les événements et c'est ce que tu semblais vouloir lire.

J'ai adoré ce roman (ce n'est pas une autobiographie stricte mais l'histoire d'un personnage fictif construit à partir du vécu de l'auteur) pour ce qu'il est : l'histoire d'un petit garçon qui ne comprend pas tout ce qu'il se passe et le passage forcé et violent à l'âge adulte à travers l'horreur de ce génocide.
C'est vraiment ce qui m'a plu : découvrir ce pan de l'Histoire à travers le regard d'un enfant qui ne comprend pas bien certaines piques, certains regards, certaines remarques.

Je pense aussi que passer par le regard d'un enfant permet de poser les faits sans les préjugés adultes, sans prise de parti au préalable.

Mais je comprends que ça ne soit pas ce que chacun aime lire. Smile

Je pense que je mettais beaucoup de hype sur ce livre ou que je suis difficile. chépa