Stavaganza #1 : La cité des masques
Mary Hoffman
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La Cité des masques est le premier livre de la saga
Stravaganza, qui nous fait découvrir la Talie, un pays ressemblant beaucoup à l’Italie, mais situé dans une autre monde et un autre temps. Tout commence en Angleterre, au vingt-et-unième siècle. Le jeune Lucien souffre d’un cancer et ne peut pas quitter son lit. Toutefois, lorsque son père lui offre un carnet italien, il est transporté dans une étrange ville du seizième siècle, Bellezza, où il apprend qu’il est un Stravagante, voyageur entre l’Angleterre et la Talie. Dans ce monde, il est en bonne santé, comme avant, mais il va rapidement se rendre compte que c’est un lieu dangereux, en particulier lorsque les Chimici tentent d’acquérir plus de pouvoir pour dominer la ville.
Tout au long du livre, nous accompagnons Lucien, ou Luciano, ainsi qu’on l’appelle en Talie, dans sa découverte d’une ville très semblable à Venise, comme il le remarquera lui-même. Les description sont très bien écrites et nous aident à imaginer ce décor extraordinaire du seizième siècle. L’histoire commence lentement, par la rencontre de Luciano et d’Arianna, qui apprennent à connaître la ville ensemble. Une fois les bases posées, d’autres personnages s’ajoutent à la trame et la tension augmente rapidement jusque dans les dernières pages du livre.
Les chapitres sont divisés en plusieurs parties, chacune d’entre elles centrée sur un personnage et ses actions, ou sur les évènements survenant en Talie ou dans notre monde du vingt-et-unième siècle. J’ai beaucoup aimé le choix narratif de Mary Hoffman car il nous permet de comparer les deux dimensions et d’avoir à notre disposition bien plus d’informations que les personnages. Cela ne signifie toutefois pas qu’il n’y a pas de suspense ; bien souvent, nous sommes témoins d’actions que nous ne pouvons comprendre que plus tard dans le livre, et cette stratégie nous pousse à le lire d’une traite.
Nous apprenons aussi à connaître des personnages qui ont beaucoup d’importance dans les autres tomes de la saga, par exemple Rodolfo, la famille Chimici, le Professeur Dethridge, Guido Parola, etc. Chacun d’entre eux est suffisamment développé pour qu’on les apprécie (ou, au contraire, qu’on les déteste), mais une part de mystère est conservée pour maintenir notre attention.
Au fil de l’histoire, nous prenons conscience des grandes connaissances de l’auteur au sujet de l’Italie. Bien que la Talie fasse partie d’un monde fantastique, il présente de claires similarités avec l’Italie et tout est construit sur une base réelle. Les villes mentionnées ressemblent toutes à un lieu qui existe en Italie. De plus, nous sommes simultanément emmenés dans un autre monde et ramenés dans le passé, mais un passé différent où l’argent est plus précieux que l’or et où la science paraît être de la magie.
Nous découvrons également les Stravaganti et leur histoire, comment le premier voyageur est arrivé en Talie, quel est leur rôle et pourquoi les Chimici ne doivent surtout pas percer le secret de leur confrérie. Une vraie leçon d’histoire ! Ces détails sont savamment mêlés à l’action et nous ne remarquons en fait jamais la quantité d’informations incluses dans l’histoire. La fin arrive bien trop rapidement et est inattendue – un coup de génie !
La Cité des masques est un livre très entraînant et un début prometteur pour le reste d’une saga qui aura, je l’espère, bien d’autres tomes publiés. Nous faisons connaissance de personnages importants et apprenons les concepts principaux de la stravagation et de la Talie en général. La plume de l’auteur est simple, alternant les descriptions de magnifiques décors avec de rapides actions et des scènes de suspense avec d’autres plus romantiques, et faisant contraster deux périodes et deux mondes différents. C’est un mélange entre histoire et fantasy, intrigues de cour, scènes de fête de la noblesse et tragique drame familial.
Stravaganza est une saga jeunesse, ce qui explique pourquoi certains personnages et leurs actions manquent parfois un peu de détails, mais elle plaira sans aucun doute à un public plus large, en particulier aux personnes qui s’intéressent à l’Italie, à l’histoire et à la fantasy.