Critique de myly :Allez, cette fois-ci je me jette à l'eau comme une grande, et je poste ma critique sans avoir demandé des avis avant, même pas peur. :pale:
Quatrième de couverture :Après 7 ans d'absence, Silas revient en France. Rues défoncées, chiens errants, militaires omniprésents, enfants pieds nus, vieillards mutilés, partout des dealers et des mendiants... Paris méconnaissable est aux mains de communautés rivales.
Silas réussira à se faire accepter par des squatteurs, militants d'un mouvement anar de libération. Mais pour espérer fuir vers des cieux plus cléments, il y a un prix à payer.
Mon résumé :Silas débarque en France sans le sou, pour des raisons très floues, sans donner l'impression d'avoir de but précis, à part peut-être vivre jusqu'au lendemain sans trop d'encombres de préférence. Sauf que le Paris retrouvé a bien changé. La droite et l'extrême droite ont "secouru" la France d'une crise sans fin, creusant un ravin entre les différentes classes sociales, les différentes cultures, les différentes nationalités, s'exilant chacune dans un quartier de la capitale, et se faisant la guerre les unes aux autres. Effaré, Silas ne perd pas de vue pour autant son objectif premier : trouver un squat et crécher en paix. Point. Par hasard, il sauve la vie d'une jeune fille, prénommée Louise, qui lui ouvre les portes de son quartier pour y trouver un refuge plus stable et durable. Malheureusement, la rencontre avec des hommes de "pouvoir" et leur plan diabolique risque d'effacer les espoirs de petite vie tranquille de Silas. Mais sans argent, et dans un milieu désormais inconnu, plus qu'hostile, il faut savoir accorder sa confiance aux bonnes personnes. Seulement, le mot confiance a-t-il toujours sa place dans ce Paris dévasté et divisé ?
Mon avis :Étonnant. Je ne saurais pas dire si j'ai aimé ou non ce livre, simplement parce qu'il m'a laissée sur un sentiment d'insécurité. Le monde, et surtout le Paris, décrit dans ces pages est totalement imaginé, mais il sonne comme une "possibilité". L'auteur nous fait faire un bond de quelques années dans le futur pour nous montrer sa vision de ce que le monde pourrait devenir, de ce vers quoi la France pourrait être en train de glisser tout doucement. Le côté angoissant et prenant de ce livre tient au fait que tout se mélange. Nous sommes dans un hypothétique futur, dans lequel nous retrouvons des endroits, des noms, bien connus d'aujourd'hui, et une ambiance moyenâgeuse créée à coup de rues sans macadam, d'ivrognes décorant le pavé et de pendaison des vilains méchants messieurs par le bourreau cagoulé. Nous sommes dans le futur de notre société qui n'aurait fait que régresser. Certes, le tableau dépeint est volontairement exagéré, mais si l'on regarde autour de nous, ce que nous devenons, ces violences primales qui font rage un peu partout, ces peuples, ces communautés, incapables de vivre ensemble, est-ce que ce tableau semble si improbable, finalement ? En refermant ce livre, on ne peut qu'espérer que cette histoire ne soit que le fruit de l'imagination débordante d'un auteur, et non une possible prédiction de ce qui nous attend, un jour.
Sans tomber dans l'exagération, Paris est très bien décrit, exposant des paysages de désolation la plupart du temps. L'ambiance étouffée par l'alcool, la drogue, le proxénétisme nous enveloppe complètement. Quant au thème principal de l'histoire, il est abordé de manière froide et tranchante, cruelle et parfois trop réaliste.
Silas, dont nous suivons les tribulations, n'est pas de ces personnages attachants. Il vit dans la galère, fuyant sans cesse sa propre vie, mais le fait de ne pas connaître son but, but qu'il ne connaît peut-être pas lui-même, rend difficile la compassion. Je regrette de ne pas en savoir plus à son sujet. Était-il rentré pour rejoindre sa famille ? Quelle vision a-t-il de son passé des plus hasardeux ? Que veut-il faire au juste ? Un peu trop d'interrogations restent en suspens autour de ce personnage arrogant et téméraire. Et sa relation avec le personnage de Louise aurait mérité un peu plus de développement, il y a une tension entre eux et un lien qui appelaient à quelque chose de plus, bien que le côté sentimental puisse paraître très secondaire au sein de cette histoire.
L'auteur donne de la couleur à son roman par le vocabulaire utilisé. Cru. Les mots claquent comme des fouets à chaque phrase, à grand renfort de vulgarité. D'abord déconcertant, il se fait ensuite oublier, étant probablement le langage le plus adapté au contexte de l'histoire. Le style est net, imposant. L'auteur n'a pas froid aux yeux et prend des risques avec le langage, mais aussi avec ce qu'il veut raconter. Pas de gants. Pas de pincettes. Juste la "réalité" de cette vie, de cette France. Et il est appréciable de plonger dans une histoire qui ne passe pas par quatre chemins pour nous mener là où il faut.
Je conseillerais ce livre aux personnes qui suivent de près le monde politique, notamment français, mais également à un public "jeune", je dirais à partir de 17/18 ans, pour voir un peu les enjeux que cette politique souvent perçue comme ennuyeuse et trop "théâtrale" peut avoir sur la vie, sur un pays, sur le long terme. Et même si ce roman ne reste que pure fiction, il est sûrement bon de rappeler qu'un pays, aussi "sain" qu'il puisse paraître, peut pourrir plus rapidement qu'il ne faut de temps pour l'écrire.
Un grand merci au forum
A&M et à la maison d'édition pour ce partenariat des plus enrichissants.
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