Après Oedipe, il était logique de découvrir aussi l'histoire de sa fille Antigone. Cette pièce fut elle aussi écrite par Sophocle, mais reprise par plusieurs auteurs contemporains, dont Jean Anouilh...

Antigone est une jeune femme, fille de l'ancien roi de Thèbes, Oedipe, et soeur d'Ismène, de Polynice et d'Eteocle. Ces deux derniers se sont entre-tués à la suite d'un duel. Le roi Créon offrit de superbes funérailles à Eteocle, qui régnait depuis un an et refusait de laisser sa place à son frère alors même que c'est ce qui était convenu, tandis que celui-ci, "le vaurien, le révolté, le voyou", annonce le prologue, fut laissé sans sépulture, avec interdiction donnée à quiconque de recouvrir le corps sous peine de mort. Cet interdit, seule la jeune Antigone saura le braver, acceptant comme un dû la peine qui lui est réservée par Créon.

Antigone est vraiment un personnage intéressant. Malgré son caractère entier, "tout, tout de suite" ou rien, elle reste plutôt ambiguë. Même si l'on peut comprendre son désir de défier Créon et de recouvrir le corps de son frère pour lui rendre sa dignité, le fait qu'elle le fasse avec tant d'acharnement, en acceptant et même en désirant la mort qui lui est réservée, cela est le plus curieux chez elle. Et pourtant pas tant que cela : dans cette histoire, l'issue est connue d'avance et même le prologue l'annonce, tout simplement parce qu'elle est inéluctable : c'est le destin qui gouverne tous ces personnages qui ne sont que des pions, les jeux des Dieux !

C'est ce qui caractérise beaucoup de tragédies antiques, et qu'ont beaucoup mis en valeur Cocteau dans La Machine Infernale, et Anouilh dans sa version d'Antigone.

Antigone est l'héroïne tragique par excellence : elle attire l'admiration du lecteur, mais suscite aussi sa pitié. Déterminée, courageuse, elle est par certains de ces traits de caractère celle que beaucoup de femmes aimeraient être. Elle garde pourtant un côté enfantin et naïf qui n'est que moyennement compatible avec ses premiers traits de caractère !

La pièce aborde la question, plus philosophique, du juste et du légal. Ici, Antigone décide de privilégier ce qu'elle sent juste au fond d'elle, passant outre la légalité que décide Créon, ici, l'injustice. C'est une question qui peut faire réfléchir...

Cette pièce est très facile à lire et plutôt courte, ce qui la rend assez abordable. C'est une bonne façon de découvrir le mythe d'Antigone. Je l'ai beaucoup appréciée et je compte poursuivre l'aventure en lisant la version antique par Sophocle, qui doit être très différente... Car bien que ces auteurs du XXème aient repris des mythes vieux de plusieurs siècles, l'on peut dire qu'ils y ont bien ajouté leur patte !