Critique d'Inlandsis :
La quête hantée et bouleversante d’un personnage qui explore, à travers un monde dévasté, le genre humain et la possibilité de sa fin. Au bout de ses pas, de son souffle, et de sa force, la fable renaîtra ou expirera avec Makepeace.
Sibérie, dans un futur proche, Makepeace est le dernier shérif d'Evangeline, petite ville désertée par ses habitants. Makepeace parcourt les décombres et sauve les armes et surtout les livres que d'autres pourraient comprendre. Makepeace nous fait revivre ses souvenirs, de son enfance, et de la chute inexorable du monde et de notre civilisation. Et un jour un avion et le début d'une quête pour retrouver d'autres survivants...
Au Nord du Monde est évidemment un récit post apocalyptique. C'est un récit post apocalyptique assez classique d'ailleurs. Les causes de la fin de notre civilisation y sont vaguement évoquées : un cataclysme écologique. Mais ici c'est l'espoir ou le désespoir d'une société qui se relève groguie... Makepeace explore un monde dur et violent à la recherche des restes de la civilisation. Privés des valeurs et des rigueurs de la société, ce sont les plus bas instincts des humains qui prennent le dessus et deviennent un mode de vie : « En temps de paix, la constance et la patience prospèrent. Mais seuls l'opportunisme et la cruauté s'épanouissent au milieu du désordre. ».
Le roman met en avant les aspects les plus vils de l'être humain : la violence, l'esclavagisme, la peur et l'intolérance... Et là où ça devient étonnant c'est la réflexion et le fatalisme de l'auteur et de son personnage Makepeace : les événements sont subis dans la résignation, certains choisissent d'être esclaves... Loin des idéaux, c'est un environnement dur qui ne fait aucun cadeau. Alors dans cet océan de désespoir on s'étonne à trouver des élans d'espoir sous le couvert de la crasse et de la boue... Puisque finalement l'humanité se relève doucement... À la base, les esclaves mangent à leur faim, et certains peuvent être choisis pour redevenir libres en tant que gardiens. Ces mêmes gardiens qui peu à peu vivent dans de parfaites petites maisons, avec leur parfaite petite famille et leur parfait petit jardin... « En fin de compte, le niveau des eaux baisse, le soleil se lève et les plantes poussent. Je n'ai jamais douté qu'il restera quelque chose de nous. Évidemment, je ne serai pas là pour le voir. Et tous ces livres que j'ai sauvés finiront en humus ou en nids d'oiseaux j'imagine.
Mais quelque chose continuera. ». On oscille donc tout au long du roman entre espoir et désespoir.
La première personne permet d'entrer plus facilement dans l'histoire et de s'identifier à Makepeace. Le parallèle entre sa quête de l'avion, et par là des restes de la civilisation et les souvenirs de la chute de la civilisation, met en avant les qualités et les défauts de chacun : comment réagirions-nous à l'afflux de réfugiés ? Comment réagirions-nous à la montée de la violence et des vols ? Aux désastres ? Et sans repères, sans espoir, comment trouver la force d'avancer ? Les religions nous apportent-elles des réponses ? Et si même les religions sont impuissantes ? La rédemption est-elle possible au bout du chemin ?
À priori pessimiste, « Malgré tout notre savoir, il arrive des choses que l'on ne comprend pas. Parfois, ce n'est pas la maladie qui tue le patient, c'est le remède. », le roman est bercé par l'espoir « L'homme a besoin d'espoir. Il a besoin de quelque chose à quoi rêver. » qui trouve toujours une interstice où se glissait que ce soit pour les hommes et pour le monde.
Par son écriture simple et abordable, et les sujets abordés sans concession, l'auteur nous pousse à la réflexion avec un roman original et prenant. Ici tout ne se finit pas bien mais l'humanité se relève doucement mais sûrement. N'est-ce pas là quand même un grand espoir ? Est-ce que l'humanité saura survivre à ses défauts ?
Critique de Freelfe :
C’est un shérif dans une ville vidée de ses habitants. Au milieu de nulle part, dans un désert de glace. Ce shérif, c’est Makepeace. Et voici son histoire...
Est-ce le futur ? Je serais tentée de dire que oui. Marcel Theroux nous emmène en Russie, dans un désert de glace. Pourquoi notre protagoniste reste-t-il là-bas ? Quel message Marcel Theroux veut-il nous faire passer ? Projetée dans ce village mort, qu’autrefois des colons fuyant la guerre ont bâti, j’ai eu un peu de mal à me situer. L’histoire tourne autour de Makepeace et seulement autour de ce personnage. Les personnages secondaires seront peu nombreux et afin de préserver un peu de suspense, il est utile de ne pas en parler. Concernant notre protagoniste, mieux vaut en dire peu aussi afin de préserver certains effets de surprise. Vous saurez donc qu’il s’agit d’un shérif dans une ville déserte, nommé Makepeace et qui part à l’aventure.
Dans Au nord du monde, Marcel Theroux dénonce les guerres et les technologies. Au nord du monde est en fait dressé dans un monde futuriste, m’a-t-il semblé. La Terre a été dévastée par les guerres et d’étranges épidémies, mais point de zombie dans cette histoire. Celle-ci est en fait très terre à terre.
Le style de l’auteur est recherché. Nous passons du présent au passé, découvrant peu à peu la vie de Makepeace. L’écriture demeure cependant monotone : peu de coups de théâtre, peu d’action bien que notre personnage soit toujours en mouvement : l’auteur ne la rend pas trépidante. Je serais tentée de dire que ce livre est même ennuyeux. Cependant, l’auteur parvient à nous attacher fortement à son personnage, ce qui nous donne envie de lire la suite.
Au nord du monde de Marcel Theroux, est donc un roman intéressant cependant compliqué et ennuyeux si on ne parvient pas à rentrer dans l’histoire. Écrit en quatre parties, je me suis intégrée dans l’histoire à la seconde partie. Makepeace est un personnage très attachant. L’histoire en elle-même est étrange, monotone. La critique de société est dure à saisir et j’ai eu un peu de mal à cerner le lieu, l’époque, et faire le rapprochement entre certains événements. Cependant, malgré ces quelques défauts, je ressors marquée par ce livre que je n’ai pourtant pas apprécié aux premiers abords. Avec un peu de recul, je peux juger cette histoire vraiment intéressante et malgré un style monotone, l’auteur parvient à nous marquer. Il s’agit néanmoins d’un roman réservé aux adultes et aux bons lecteurs.