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Sujet: Re: [Saga] Les Annales du Disque-monde Mar 7 Sep - 18:03
Bizarrement, La Huitième couleur, le premier tome que j'ai lu, est le tome des Annales qui a failli m'éloigner de la saga. Une amie me l'avait prêté. Je l'ai vite lu. Le problème reste que, même si je reste une personne qui adore les grosses déconnades, ce tome possède tout ce que je n'aime pas en matière d'humour en littérature : de l'humour qui se veut frappadingue.
L'impression général que j'en ai finalement eue se limitait à une histoire décousue qui partait dans tous les sens (et ce que je ne supporte généralement pas, c'est justement que le scénario souffre - à mes yeux - de gags qui se veulent dingos mais qui me font à peine sourire), et des personnages auxquels je ne me suis pas vraiment attachée.
Bref, je comprends maintenant pourquoi on m'a dit, plus tard, que le tome 1 n'était pas le mieux pour commencer. Le tome 8, Au Guet ! (que t'es en train de lire, si j'ai bien compris, louve ^-^), est à mon sens mieux pour débuter le Disque-Monde (et il y en a sans doute d'autres, mais pour l'instant, je n'en ai lu que deux. ^-^
En tout cas pour ma part, j'ai bien plus apprécié les aventures de Carotte (mon nain préféré à ce jour ) et de ses compagnons du guet (sans oublier le bibliothécaire) que celles du mage Rincevent (et je pense que dans un premier temps, je vais plus m'attacher, justement, à suivre les premiers...). Bien sûr, je n'exclus pas la possibilité de réessayer la lignée des Mages, et des autres, plus tard. Les univers récurrents, j'aime beaucoup, et il faut avouer que Pratchett a un talent certain. ^-^
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Inlandsis
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Sujet: Re: [Saga] Les Annales du Disque-monde Mar 7 Sep - 18:52
Terry Pratchett et les Annales du Disque Monde... ralala... un univers foisonnant !
Moi aussi j'adore... Et comme Ryuuchan, Rincevent et les mages ne sont pas mes héros préférés... J'aime mieux le Guet et les sorcières (Mémé Ciredutemps... c'est ce que j'appelle un sacré personnage)...
Ce que j'aime aussi dans le Disque Monde c'est que caché sous le burlesque se cache une vraie satire sociale, une vraie réflexion, une écriture recherchée... Bref pour moi c'est culte mais je ne conseillerais pas les Annales du Disque Monde à tout le monde il faut quand même prendre certaines choses au second degré (au moins !) et avouons que le burlesque en littérature ne plaît pas à tout le monde...
Un autre intérêt, c'est aussi que les histoires se suivent certes mais pour divers héros (les mages, les sorcières, le guet, Cohen le barbare...) donc à lire dans l'ordre pour chacun ayant ses caractéristiques plus ou moins loufoques...
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Freelfe
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Sujet: Re: [Saga] Les Annales du Disque-monde Mar 7 Sep - 20:50
J'ai lu un tome et mieux vaudrait que je n'en parle pas...
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louve
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Sujet: Re: [Saga] Les Annales du Disque-monde Mar 7 Sep - 21:46
Lequel as-tu lu, Freelfe ?
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Freelfe
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Sujet: Re: [Saga] Les Annales du Disque-monde Mer 8 Sep - 14:11
Le fabuleux Maurice et ses rongeurs savants. Ben c'était pas fabuleux du tout...
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louve
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Sujet: Re: [Saga] Les Annales du Disque-monde Mer 8 Sep - 17:53
Je ne l'ai pas encore lu mais il ne fait pas parti de la saga des annales du disque monde donc je pense que tu devrais essayer la huitième fille. Les deux premiers étant un peu moins captivants ! Louve
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Sujet: Re: [Saga] Les Annales du Disque-monde Mer 8 Sep - 19:36
Ou Au Guet! ? ^-^
Le Fabuleux Maurice, je crois que ma maman l'avait acheté (j'avais pas tilté à l'époque que c'était Pratchett ^-^).
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Sujet: Re: [Saga] Les Annales du Disque-monde Mer 8 Sep - 20:10
Il me semble que j'ai le huitième sortilège chez moi... que je n'ai pas lu. Il faudrait que je le fasse.
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Sujet: Re: [Saga] Les Annales du Disque-monde Jeu 16 Déc - 23:25
Ajout du tome : Mortimer et Sourcellerie !
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Sujet: Re: [Saga] Les Annales du Disque-monde Sam 19 Fév - 18:53
Je suis en train de lire la Huitième Couleur, le premier tome de la série que je lis d'ailleurs, et pour l'instant j'accroche pas vraiment... Bizarrement, alors que tout le monde les trouve hilarants, seulement quelques passages m'ont fait sourire. J'ai aussi le deuxième tome, mais je crois que j'aurais du commencer par un autre cycle que celui de Rincevent. ^^"
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Sujet: Re: [Saga] Les Annales du Disque-monde Sam 19 Fév - 19:44
Je suis exactement de ton avis, Mgn, et ça me rassure de voir que je ne suis pas la seule à être restée un peu de marbre face aux aventures de Rincevent... J'ai trouvé que c'était plus du n'importe quoi que du drôle.
Si je peux te conseiller, j'ai par la suite lu, Au guet !, et franchement, je te le conseille. Quelques points m'ont énervée, mais franchement, il est tout simplement hilarant !
Une question : comment trouves-tu la Mort ? Personnellement, c'est un personnage qui m'énerve plus qu'il ne me fait rire...
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Sujet: Re: [Saga] Les Annales du Disque-monde Sam 19 Fév - 20:10
Oui je vois partout que le Cycle du Guet est apparemment le meilleur... mais celui des Sorcières me tente bien aussi ^^ . En tout cas je pense qu'après avoir fini le tome 1 j'attendrai un peu avant de lire le tome 2... La Mort ? Eh ben, j'ai été surprise par ses répliques qui sont pour la plupart ridicules... Je ne m'attendais pas à ce que le personnage soit limite parodié à ce point... J'espère qu'elle est beaucoup plus intéressante dans son cycle parce que plusieurs tomes centrés sur un personnage comme ça, j'ai du mal à imaginer comment on peut arriver à finir le livre et se retenir de pas le balancer par une fenêtre x_x. Bon OK, j'exagère un peu... *honte*
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Sujet: Re: [Saga] Les Annales du Disque-monde Jeu 6 Oct - 18:31
Ah Terry Pratchett et les Annales.
Pour l'instant, je n'ai lu que les trois premiers tomes : La Huitième couleur, le Huitième Sortilège et la Huitième Fille. Dans l'ensemble, j'ai adoré. L'auteur a réussi à construire un univers à la fois farfelu et fantastique. Mais cela peut aussi être une faiblesse, car parfois cela part dans tout les sens et des fois il passe d'un truc à un autre, au point qu'on puisse avoir du mal à le suivre.
Pour le 1er tome, au départ, j'ai eu un peu de mal à accrocher, j'avoue. Ce n'est pas l'univers qui me gênait, mais plus le style de l'auteur, tellement différent, et avec un humour parfois un peu lourd, et des allusions pas toujours simples à comprendre au premier abord. Mais au fil des pages, je me suis laissé séduire par ce style, mais aussi par les personnages. J'aime bien le bagage et le démon de la boîte ! xD
Pour le tome 2, j'ai eu moins de difficultés au départ, vu que l'histoire suivait les évènements du tome 1. Et je trouve que voir la Mort ainsi change, au lieu de toujours la voir comme un personnage toujours sérieux et 'coincé'. C'est aussi un portrait original des 'mages'.
Mais pour le moment, mon préféré est le Tome 3: La Huitième fille. J'ai adoré la petite Eskarina et Mémé Ciredutemps… Des personnages hauts en couleur ! Ce tome nous montre aussi la place des femmes dans le monde, mais aussi les stéréotypes qu'il peut y avoir et les différences hommes/femmes. J'ai vraiment eu un coup de cœur pour ce livre par rapport au deux autres.
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Sujet: La huitième couleur [Les annales du Disque-Monde] Sam 16 Juin - 13:43
Un mot pour définir le livre : Dérision. Ta note : 8/10. Ton avis : Le disque monde est le lieu dans lequel Terry Pratchett donne vie à ses idées, au fil de ses 38 romans ! Un roman fantastique, un poil proche de la caricature, à la fois drôle et surprenant ! Mais aussi un monde tout à fait unique !
Tout ce qui doit se trouver dans un roman fantastique est présent dans ce livre, mais avec beaucoup de dérision. L'auteur semble aimer ce qu'il fait mais aussi s'en moquer. Rien ne paraît possible ou réel, c'est un monde à part avec ces personnages de fantasy qu'on ne peut pas enlever d'une œuvre tels que le Héros avec sa GRANDE épée plus fort que tout le monde qui a parcourue la terre entière !
Rien que pour l'humour et la singularité du roman je l'ai adoré.
Concernant l'histoire, elle est un peut difficile à suivre au début de la lecture, il y a beaucoup de noms de personnages et on change de scène très souvent. Mais une fois que tous les éléments se regroupent et que le lecteur s'est habitué au style de l'auteur, la lecture se fait aisément. Notre anti-héros subit les idées de l'auteur et se retrouve de nombreuse fois dans des situations absurdes ou tirées par les cheveux. D'ailleurs la fin m'a beaucoup surprise....
Finalement, j'ai adoré cette lecture ! Bien que difficile au début, je me suis habituée à ce monde quelque peu particulier et j'ai envie de poursuivre la lecture de ces aventures.
À qui le recommanderais-tu ? Aux amoureux d'humour et de fantastique
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Sujet: Re: [Saga] Les Annales du Disque-monde Dim 12 Juil - 21:28
Série absolument géniale de mon point de vue *-*
Je n'ai lu que The Colour of Magic, Equal Rites et Eric (en VF) mais l'univers de ce livre est beaucoup trop bariolé et foisonnant pour s'en arrêter là ! Bon, c'est une série basée sur le nonsense, donc on accroche ou on n'accroche pas, mais dans le premier cas, c'est vraiment le pied. Avec Sir Terry Pratchett, l'Angleterre a perdu un grand chevalier. :'(
Dernière édition par L'erreur sociale le Dim 12 Juil - 21:32, édité 2 fois (Raison : Corrigé par L'erreur sociale)
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Sujet: Re: [Saga] Les Annales du Disque-monde Sam 27 Mai - 13:32
Je découvre cette saga et l'auteur grâce à un ami qui m'a prêté le tome 4, Mortimer. Il me l'a présenté comme une parodie de fantasy, avec toutes les caricatures possibles et imaginables, dans le but d'être drôle et de pointer le ridicule de certaines choses. Sur ce point, il ne s'est pas trompé, et j'ai trouvé certains passages vraiment rigolos.
Le sujet de ce livre, c'est la Mort en personne (un homme), qui cherche un apprenti. L'apprenti en question est Mortimer, un jeune garçon pas vraiment doué de ses dix doigts, mais qui va faire ce qu'il peut pour mener sa tâche à bien.
J'ai trouvé l'univers du Disque monde assez sympa, l'écriture plutôt drôle (surtout les petits commentaires laissés çà et là par l'auteur), les personnages ne sont pas tous attachants, mais ils sont là pour servir un rôle et sont assez marrants. Par contre, je trouve que l'histoire en tant que telle est parfois un peu brouillonne, et j'ai eu l'impression quelquefois d'être laissée en marge de cet univers, peut-être parce qu'il s'agit du premier tome que je lis, je ne sais pas. Heureusement, cela n'a pas duré beaucoup, et dans l'ensemble, j'ai plutôt apprécié cette lecture assez hors du commun, et certaines scènes vont certainement me rester en mémoire un bout de temps, notamment celles où la Mort tente de comprendre la signification du mot « s'amuser » en écumant les bars de la ville et en tentant de se reconvertir dans un domaine insoupçonné.
Il est certain que je ne lirai jamais tous les tomes, il y en a vraiment trop, mais pourquoi pas un deuxième, un jour. C'est le genre de petites lectures sympathiques comme tout entre deux plus gros ouvrages.
(Ma note : 7/10)
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L'erreur sociale
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Sujet: Re: [Saga] Les Annales du Disque-monde Ven 5 Jan - 14:03
[WARNING!] Petit pavé
Cela fait quelques années que j’entretiens avec la saga du Disque-monde une relation qui sans cesse évolue. Tout a commencé vers la fin du collège, il y a donc approximativement deux millénaires huit ans, lorsque j’ai acheté, un peu par hasard, le tout premier tome de la série : The Colour of Magic. En anglais. Mon niveau dans la sacrosainte langue de la moins sacrosainte Margaret Thatcher, relativement bon à l’époque, du moins pour la fin du collège, était loiiiiin du niveau que j’ai acquis pendant le lycée. J’ai donc péniblement avancé et n’ai pas dépassé, je crois bien, la moitié du deuxième chapitre (The Sending of Eight). Je n’arrivais de toute manière pas à saisir un tiers des blagues et des références du texte. Puis je l’ai repris deux ans plus tard, et suis allé jusqu’à la fin du troisième chapitre (The Lure of the Wyrm). Pour des raisons que je détaillerais en dessous, je l’ai trouvé fun mais sans plus, et la lecture (à l’époque) de L’Art de la guerre, de Sun Tzu, a fini par totalement l’éclipser. Et puis, au milieu de mes études de médecine, je me suis décidé à lire quasiment d’une traite le cycle de la Mort, à commencer par Mort, qui m’a franchement accroché. Puis Reaper Man, qui est excellent. Puis Soul Music, une grosse déception. Je suis alors revenu à The Colour of Magic et ai pu identifier, par rapport aux autres tomes que j’avais lus, ce qui m’avait déplu dans celui-ci. Puis j’ai attaqué The Light Fantastic, qui souffre des mêmes problèmes. Une nouvelle pause dans la lecture. J’ai ensuite lu, d’affilée, dans une frénésie que j’avais rarement vécue en littérature, dans cet ordre : Wyrd Sisters, Guards! Guards!, Small Gods, Thief of Time, Hogfather, Equal Rites, Pyramids. Je lis actuellement Moving Pictures.
Le Disque-monde a cela de bien que, malgré une continuité chronologique entre les tomes (sauf pour Small Gods, qui se passe des années voire des siècles avant les événements du premier tome), il est tout à fait possible de lire les livres dans le désordre. Bien évidemment, le/la lecteur·trice manquera certaines informations, certains clins d’œil à des choses qui se sont passées avant, et notamment l’introduction de certains personnages-clefs (Granny Weatherwax, Samuel Vimes, Susan Sto Helit, etc.). Mais les éléments importants sont constamment rappelés, et les personnages ont des rôles et animent des relations tellement explicites et claires qu’il est extrêmement facile de comprendre ce qu’il se passe. Personne ne sera largué·e. Je conseille quand même aux nouvellaux de commencer par le premier tome, histoire de se faire une idée d’à quoi ressemble le monde, avant de passer à d’autres livres sûrement plus intéressants. Cependant, si l’envie vous dit de suivre un ordre de lecture particulier, petite précision : les tomes sont souvent centrés sur un personnage ou un groupe de personnages récurrents, et de fait les ordres de lecture conseillés sont séparés en deux grandes catégories — d’une part, l’ordre de publication, d’autre part, l’ordre par cycles (c’est-à-dire tous les tomes centrés sur un personnage ou un groupe de personnages récurrents dans l’ordre chronologique de leur histoire). Je suis plutôt partisan du premier, dans la mesure où, si les histoires sont variées entre les cycles, les mêmes procédés narratifs tendent à réapparaître dans le même cycle, et cela peut vraiment devenir pénible lorsqu’on lit les tomes d’un cycle les uns à la suite des autres.
L’ordre de lecture conseillé par cycles, pas tout à fait à jour.
Mais au fait, le Disque-monde, c’est quoi ?
Le Disque-monde est un monde situé dans un univers parallèle au nôtre, une sorte de disque (no shit Sherlock) posé sur le dos de quatre éléphants, eux-mêmes posés sur le dos de la grande tortue A’Tuin, flottant dans l’espace. Pourquoi ? Comment ? Peu importe !
Le Disque-monde, c’est aussi la plus grande contribution de Sir Terry Pratchett au monde de la littérature, et c’est aussi ce qui l’a retenu dans ce dernier. Face à l’échec cuisant de ses romans jusque-là, l’auteur envisageait sérieusement d’arrêter sa carrière d’écrivain. Et puis il y eut le Disque-monde.
Celui-ci, d’abord construit comme une parodie d’un monde générique de fantasy, va, au fil des livres, se faire sa propre identité et devenir, au-delà d’une caricature, un réel univers plein de vie et de spécificités qui lui sont propres. Si, dans le premier tome, il fourmille de tropes présents dans des livres de fantasy de basse qualité voire carrément dans des jeux de rôle papier (les mages qui se caractérisent selon leur niveau, les rôles des personnages dans le groupe, etc.), il devient progressivement plus posé et moins... banal. Tout en utilisant des codes connus de tou·te·s, et de références parfois moins connues. D’ailleurs, à ce sujet, la lecture du Disque-monde bénéficie grandement de l’Annotated Pratchett File, qui référence et explique, tome par tome, la plupart des références, des plus évidentes aux plus obscures. Il permet d’apprécier l’œuvre de Pratchett avec un degré de profondeur supplémentaire. À condition...
À condition de gérer en anglais. Et c’est le dernier point sur lequel j’aimerais m’attarder avant de parler de chacun des livres que j’ai eu l’occasion de lire. Je n’ai jamais lu de roman du Disque-monde en français, et je ne sais honnêtement pas ce que ça vaut. Les blagues sont parfois tellement spécifiques, les tournures de phrase tellement inimitables, les degrés d’interprétation parfois tellement multiples que je n’ai aucune idée de comment la traduction s’en est sortie. Je n’ai que la traduction des titres pour me faire une idée, et celle-ci me paraît un peu... faible. Pour Wyrd Sisters, qui est à la fois un jeu de mots sur ‘wyrd’/’weird’ et une référence à Macbeth duquel il est une parodie plus ou moins évidente, Trois soeurcières manque de punch. De même, Equal Rites est un jeu de mots sur ‘rites’/’rights’, riche de sens vis-à-vis du livre, et qui a été traduit par... La Huitième fille, rapport aux deux précédents tomes avec lesquels il n’a aucun lien. Sérieusement ?
Donc voilà. Peut-être la qualité de la lecture de cette série-là dépend de la langue dans laquelle on lit. Peut-être pas. À voir.
Après cette longue introduction, procédons jusqu’à la prochaine étape logique :
*transition trop bien avec effets spéciaux et tout*
qu’ai-je diable bien pu penser des livres que j’ai lus ? (Si jamais c’était intéressant. Ce dont je doute. Tant pis pour vous ! )
⚠ Les résumés de certains tomes se basant sur les événements de tomes précédents, le spoiler est possible à tout instant. Soyez sur vos gardes. ⚠
Code couleur adopté : Rincewind Death Les SorcièresetTiffany Aching Le Guet Municipal Moist von Lipwig Hors cycle
T1 – The Colour of Magic (VF : La Huitième couleur)
’Reflected-sound-of-underground-spirits?’
L’aventure commence avec Rincewind, un mage raté qui n’a su apprendre qu’un seul sort de toute sa vie, et ce par erreur. Il a peur d’à peu près tout, et fuit ce qui lui fait peur. Un peu par hasard, il va devoir s’échapper d'Ankh-Morpork, peut-être la plus grande ville de l’Histoire du Disque, en compagnie de Twoflower, une parodie sacrément raciste de touriste asiatique, et de son bagage, un coffre à pattes et à dents. Ils rencontreront sur leur chemin plusieurs péripéties absolument déconnectées les unes des autres.
Et j’ai plusieurs problèmes avec ce livre. À la première lecture, sans point de comparaison, il était relativement amusant : chaque paragraphe (voire chaque phrase) contient un ou plusieurs jeux de mots, une ou plusieurs références de pop culture. Le texte est extrêmement compact et ne cesse d’envoyer blague sur blague. Cela peut sembler peu productif parce que peu de ces blagues n’amènent réellement une progression dans l’histoire du livre, chose qui changera au fil des tomes où les jeux de mots et autres références accompagneront le récit plutôt que de le ralentir, plutôt que d’en faire un prétexte pour juste cracher de l’humour sur le papier. Mais le fait est que j’aimais bien cette forme d’écriture. C’était rapide, énergique, toujours plein d’imagination. Le livre regorge de bonnes idées, mais jamais amenées sur de longs passages, davantage distillées dans une soupe de petites idées toutes plus ingénieuses les unes que les autres (le personnage dont la conscience est présente à tous les moments du temps, de telle sorte qu’il ne sait jamais si ce qu’il veut dire a déjà été dit ou s’il va le dire plus tard, si les événements sont passés ou à venir ; l’idée que la lumière a une vitesse lente dans l’univers du Disque ; Rincewind qui passe dans une autre dimension en mode deus ex machina sacrément osé, le concept du quota de crime autorisé dans Ankh-Morpork qui permet l’autorégulation des criminels par eux-mêmes, etc.). C’est peut-être le seul point fort que je trouve au livre.
Mais après avoir lu d’autres tomes, je me suis rendu compte que :
Rincewind est un personnage affreusement peu attachant. À part quelques personnages clefs mentionnés plus haut (la Mort, Granny Weatherwax, Sam Vimes, le Bibliothécaire, Susan Sto Helit, paraît-il Tiffany Aching, et c’est à peu près tout — en quarante-et-un tomes, ce n’est pas top), Pratchett n’a jamais été très bon pour créer des personnages forts et auxquels on peut réellement développer une connexion. Habituellement, les personnages qui peuplent son œuvre sont relativement vides, souvent trop parfaits pour être crédibles (e.g. Esk, Victor Tugelbend, Brutha...) et occupent la place d’un rôle, non pas d’une personne. Rincewind et Twoflower sont au-delà de ces questionnements. Non seulement ils sont vides, mais rien dans leurs actions ne les rend vraiment agréables. Twoflower passe son temps à se mettre dans des situations impossibles avec un enthousiasme irritant, et Rincewind passe son temps à se plaindre avec un pessimisme irritant. Passer tout un livre uniquement à suivre ces deux-là est un calvaire. Toujours sur le thème des personnages, celui de la Mort est à des années-lumière de ce qu’il deviendra dans les tomes suivants. Il est cruel, sadique, désagréable au possible, là où il sera un monument d’empathie, de douceur, de bonté maladroite plus tard. C’est fort triste. Le livre est scindé en quatre petites histoires déconnectées les unes des autres, ce qui nuit profondément au rythme du roman tout en ne rendant pas les péripéties particulièrement intéressantes à suivre (puisqu’on sait qu’on retrouvera nos personnages peu ou prou dans la même situation qu’au début pour pouvoir enchaîner sur autre chose sans aucun rapport). Je pense que Pratchett a dû se rendre compte que ce n’était pas pertinent, puisque plus aucun des romans du Disque-monde ne sera scindé en chapitres, sauf Pyramids. Mais contrairement à The Colour of Magic, qui raconte une histoire différente par chapitre, les chapitres de Pyramids divisent un même récit en actes (idée que l’on retrouvera dans Good Omens, un roman de Terry Pratchett et Neil Gaiman en dehors de la série du Disque-monde). Le livre souffre de n’avoir pas encore d’identité propre. Il parodie d’autres séries de fantasy, avec une certaine bienveillance (notamment Pern dans son segment sur les dragons), mais s’arrête là. Ankh-Morpork, qui deviendra petit à petit une satire de la vieille Londres, n’est pour l’instant qu’une ville hostile, typique du genre sword & sorcery. Le livre se termine sur un cliffhanger. Heureusement, c’est le seul de la série.
Bref.
Un livre bien pour commencer la saga, qui met les idées en place, mais sans plus.
T2 – The Light Fantastic (VF : Le Huitième sortilège)
’Pull me up, then,’ he hinted. ‘I think that might be sort of difficult,’ grunted Twoflower. ‘I don’t actually think I can do it, in fact.’ ‘What are you holding on to, then?’ ‘You.’ ‘I mean besides me.’ ‘What do you mean, besides you?’
Je n’ai pas grand-chose à dire de plus que ce que j’ai déjà dit sur The Colour of Magic. C’est la même chose, mais avec un récit unifié plutôt que quatre novellas. Il souffre des mêmes soucis. On suit également un Rincewind et un Twoflower exécrables. Le texte est tout aussi dense.
Bref.
Le seul point positif que je pourrais lui trouver, c’est l’apparition du Bibliothécaire, qui est un personnage beeeaaaucoup plus intéressant que tous les autres du tome, et qui reviendra quasi-systématiquement dans les livres suivants (moins que la Mort, qui lui apparaît dans tous les tomes, mais quand même).
À oublier.
T3 – Equal Rites (VF : La Huitième fille)
’While I’m still confused and uncertain, it’s on a much higher plane, d’you see, and at least I know I’m bewildered about the really fundamental and important facts of the universe.’ Treatle nodded. ‘I hadn’t looked at it like that,’ he said, ‘But you’re absolutely right. He’s really pushed back the boundaries of ignorance.’
Dans l’univers du Disque, le chiffre huit est d’une importance capitale. Il est magique. La huitième couleur, l’octarine, est la couleur typiquement associée à la magie, que seul·e·s peuvent voir les mages, les sorcières et les chats (allez savoir pourquoi… Pratchett avait l’air d’apprécier ces bestioles-là). Le monde a été créé avec l’aide de huit Grands Sorts. Et le huitième fils d’un huitième fils a des pouvoirs magiques hors du commun. Et s’il venait à avoir lui-même huit fils, le huitième serait surpuissant. C’est dans ce contexte-là que Gordo Smith, huitième fils de sa fratrie, s’apprête à avoir son huitième enfant, les autres étant bien évidemment des fils.
Mais le fait est que son huitième enfant s’avère être... une fille !
Or, les femmes, dans cet univers, ne peuvent être des mages, tout comme les hommes ne peuvent pas être des sorcières. Ou du moins, iels pourraient, mais la société a décrété que la magie des mages et celle des sorcières étaient de nature différente, et que l’une correspondait plus aux mâles, et l’autre aux femelles.
On va donc suivre les aventures d’Eskarina, abrégée en Esk, la fille de Gordo, qui, aidée par la sorcière Granny Weatherwax (qui fait sa première apparition dans ce tome et reviendra plus tard dans le cycle des sorcières), va tenter de devenir mage elle-même, en montrant l’absurdité des codes et des impératifs sociétaux.
Vous l’aurez compris, Equal Rites va traiter d’égalité entre les sexes et de féminisme. Aussi, je vais me servir de la critique de ce tome plus comme un prétexte pour critiquer le féminisme de Pratchett dans le Disque-monde que pour réellement parler du tome. Mais, en deux mots : c’est cool. Granny Weatherwax est top, l’histoire se lit facilement, l’humour est bien dosé, le rythme est pas trop mal rythmé quoique tombant toujours dans les travers pratchettiens de commencer trèèèèès (trooooop) lentement pour s’accélérer de façon anarchique et brutale sur la fin. Dans l’ensemble, ça va. Pas mon tome préféré, mais c’était une lecture agréable.
Mais que dire du féminisme de Pratchett ? Dans l’ensemble, il enfonce beaucoup de portes aujourd’hui ouvertes (du moins dans les milieux militants), qui ne l’étaient peut-être pas en 1987 lors de la publication, mais le discours est simple : la société tend à nous formater par rapport à des modèles qu’elle établit de manière arbitraire. Et Pratchett ne trouve pas ça cool du tout. Sauf que, outre les illustrations de Josh Kirby en couverture des livres qui montrent volontiers des femmes à moitié nues et bien conformes aux stéréotypes de genre (il n’avait peut-être pas son mot à dire là-dessus, donc je ne pousserai pas plus loin), Pratchett fait preuve dans toute son œuvre d’une forme de sexisme bienveillant. Tous ses personnages féminins, à l’exception de trois (Granny Weatherwax, Susan Sto Helit et Tiffany Aching), n’ont tout simplement pas d’identité et s’inscrivent dans le moule qu’il prétend dénoncer. Même des femmes présentées comme fortes, comme Sybil dans Guards! Guards!, se retrouvent rapidement réduites à l’état de personnage secondaire qui fera le ménage et occupera le foyer le temps que le mâle fasse les choses qu’il doit faire (pour Sybil, il s’agira de Sam Vimes). Ou reléguées au seul rôle de love interest nul et forcé du héros. Et il ne peut s’empêcher de dire que, quand même, c’est un peu parce que c’est dans la nature des gens d’être comme ça, mais qu’iels sont libres d’agir comme iels le souhaitent. C’est juste qu’iels souhaitent se conformer à ce qu’on attend d’elleux, soit parce qu’iels ont internalisé l’oppression soit parce qu’iels s’en moquent — le discours est contradictoire, de même que celui qui dénonce le racisme, dont on parlera plus tard, et c’est clairement décevant. Mais ça n’est jamais au premier plan, et ça ne ruine pas la lecture que je peux en avoir en tant qu’homme cis blanc (donc privilégié) — je serais curieux d’avoir le retour d’une femme, et a fortiori celui d’une femme racisée, sur la question (je ne précise pas binaire/non binaire parce que la question de la transidentité et du genre en tant que spectre n’a jamais réellement été évoquée dans les livres du Disque-monde que j’ai lus jusqu’à ce jour).
J’ai donc beaucoup apprécié suivre les aventures d’Esk et de tout un cast de personnages rocambolesques, le tout saupoudré d’humour bien phlegmatique. Et c’est peut-être le moins sexiste de tous, mais il n’est pas parfait.
Le premier roman du Disque-monde à avoir une identité, et la première apparition de la géniale Granny Weatherwax. Pas parfait mais pas mal du tout.
T4 – Mort (VF : Mortimer)
The only things known to go faster than ordinary light is monarchy, according to the philosopher Ly Tin Weedle. He reasoned like this: you can't have more than one king, and tradition demands that there is no gap between kings, so when a king dies the succession must therefore pass to the heir instantaneously. Presumably, he said, there must be some elementary particles — kingons, or possibly queons — that do this job, but of course succession sometimes fails if, in mid-flight, they strike an anti-particle, or republicon. His ambitious plans to use his discovery to send messages, involving the careful torturing of a small king in order to modulate the signal, were never fully expanded because, at that point, the bar closed.
Mort est le premier épisode de la saga à se concentrer sur un personnage clef : celui de la Mort. Personnification anthropomorphique du concept qu’il représente, il ressemble à l’imagerie que l’on peut s’en faire en occident : un squelette dans une robe noire, la faux à la main (cela dit, c’est plus compliqué que cela : il apparaît différemment selon la culture des personnes qu’il rencontre), et IL S’EXPRIME COMME CECI, TOUT EN HAUT DE CASSE PARCE QUE POURQUOI PAS MADAME APRÈS TOUT (ça lui donne beaucoup de charisme en tout cas ). Et il décide, un jour, de prendre un apprenti. Cette tâche va incomber à Mortimer (abrégé en Mort, pour rendre le travail des traducteur·trice·s françai·se·s plus galère, j’imagine), un jeune homme pas hyper doué. On va donc suivre, d’un côté, l’apprentissage de Mortimer aux côtés d’Ysabell, la fille adoptive de la Mort qu’il a recueillie à la mort de ses parents biologiques et, d’un autre côté, les vacances de la Mort qui, intrigué par les humain·e·s, va tenter d’en comprendre les sentiments en se mêlant à elleux.
Mort est le tome qui m’a fait entrer dans la série à 100 %. Il est drôle, bien rythmé, les deux histoires qui s’entremêlent ne paraissent jamais de trop et, quoique la fin soit rushée (comme souvent chez Pratchett — lui-même disait qu’il ne prévoyait jamais trop la fin de ses histoires, et ça se voit xD), elle reste satisfaisante. Et surtout...
Et surtout le personnage de la Mort a enfin trouvé l’identité qu’il conservera dans tous les tomes ensuite. Et il est adorable. Il le sera encore plus par la suite, et davantage encore lorsqu’en 2008 Pratchett recevra le diagnostic de maladie d’Alzheimer, à partir duquel il militera intensément pour l’euthanasie et l’acceptation de la mort. C’est un concept qui peuplera son œuvre et qu’on peut déjà trouver ici : la mort est inévitable mais elle n’est un événement ni triste ni joyeux, ni juste ni injuste, elle est une étape naturelle de la vie et, comme il le disait souvent en interview, il faut l’accueillir en vieil ami.
Il y a, en particulier, une scène où Mortimer, reprenant le rôle de la Mort le temps de ses vacances, va à la rencontre d’une sorcière à l’agonie, et la discussion que les deux ont est d’une douceur particulièrement marquante. Les moments les plus poignants de la saga sont sans nul doute liés à la Mort. J’aime tout fort ce personnage.
Outre la fin qui n’a pas beaucoup de sens, le seul autre reproche que je pourrais faire à Mort est le côté parfois un peu trop graveleux de l’humour, qui tourne beaucoup autour de l’espèce de double triangle amoureux et de cul. Il y a beaucoup d’humour tournant autour du sexe dans le Disque-monde, mais je crois qu’il n’a jamais été moins subtil qu’icixD
Un très chouette tome !
T6 – Wyrd Sisters (VF : Trois soeurcières)
Above the hearth was a huge pokerwork sign saying ‘Mother’. No tyrant in the whole history of the world had ever achieved a domination so complete.
Un roi est tué par un duc vassal plus ou moins sous l’influence de son épouse, duc qui suite à son acte sombre dans la folie. L’héritier légitime du trône s’est enfui. Trois sorcières autour d’un chaudron se concertent. Si l’histoire est vaguement réminiscente de Macbeth, c’est normal : c’est voulu. Et pas que Macbeth d’ailleurs, le livre fait des références à d’autres œuvres de Shakespeare (et ch’inspire) : Hamlet, King Lear, etc. D’ailleurs, à ce sujet, je vous recommande la thèse de William T. Abbott (la personne derrière L-Space, le plus gros wiki sur Pratchett et l’APF), White Knowledge and the Cauldron of Story: The Use of Allusion in Terry Pratchett’s Discworld, qui met en évidence l’utilisation de la culture populaire dans l’œuvre de Pratchett (et la compare à l’utilisation des mythes sur lesquels Tolkien avait lui-même construit son œuvre) et si jamais vous voulez allez plus loin dans l’analyse de Pratchett, L-Space recense quelques essais et dissertations autour de différents thèmes.
Bref. On va donc suivre les aventures de l’héritier légitime au trône, Tomjon, adopté par une troupe de comédien·ne·s, et des trois sorcières de Lancre — Granny Weatherwax, Nanny Ogg et Magrat Garlick —, qui tentent de mettre fin au règne de terreur du duc fou.
Pas grand-chose à dire sur ce tome sans me répéter. Il est de bonne qualité, l’humour y est imaginatif, l’histoire bien construite, sans toutefois transcender ce qui fait l’essence du Disque-monde. On peut dire qu’il constitue le (un ?) mètre-étalon pour la série. De plus, je pense qu’il bénéficie d’une connaissance exhaustive des références qu’il fait pour pouvoir l’apprécier à 100 %, connaissance que je n’avais pas au moment de la lecture. À relire après avoir parcouru tout Shakespeare ?
Sympathique.
T7 – Pyramids (VF : Pyramides)
There was not a lot that could be done to make Morpork a worse place. A direct hit by a meteorite, for example, would count as gentrification.
Teppic est le prince de Djelibeybi, un petit royaume, rappelant vaguement notre Égypte antique, perdu entre les grandes nations d’Ephebe et de Tsort. Ayant reçu une formation d’assassin dans la Guilde des Assassins (O RLY?) d’Ankh-Morpork, il est contraint de rentrer chez lui à la mort de son père pour reprendre le trône et ériger, à la gloire dudit paternel, la plus grande pyramide jamais construite, quitte à mettre en danger le continuum espace-temps au passage (les pyramides ayant des propriétés particulières sur lesquelles je ne vais pas m’étendre ici :P).
J’ai du mal à me positionner par rapport à Pyramids. D’une part, la forme est solide, l’écriture du même niveau que Wyrd Sisters ou que Mort, et il peut aisément constituer, lui aussi, un mètre-étalon pour la série.
Spoiler:
Le personnage de Dios est tout particulièrement intéressant, puisqu’il ne se rend pas compte de ses méfaits tellement il est persuadé d’agir pour le bien. Et la fin, un renouveau pour le personnage, le rend à la fois détestable et appréciable. Un sacré tour de force.
D’autre part, sur le fond... il fait preuve d’un racisme bienveillant assez malaisant. C’est un peu comme si on avait voulu compiler toutes les blagues décalées possibles sur les clichés qu’on peut se faire de l’Égypte antique, et peut-être que le texte était en accord avec les connaissances archéologiques de l’époque, mais en le lisant plusieurs années après publication certaines vannes laissent franchement à désirer. Et en plus, comme pour le féminisme, Pratchett a une sorte de double discours contradictoire dans toute son œuvre (elle se manifeste beaucoup, paraît-il, dans les tomes centrés sur le Guet), soit qu’il parle de cultures humaines dans le Disque-monde qui font clairement référence à des cultures humaines de notre monde, comme ici avec l’Égypte antique (en réalité la Troisième période intermédiaire, si l’on veut être exact·e), soit qu’il parle de races différentes des humain·e·s dans l’univers du Disque-monde pour réaliser des analogies avec les mécanismes racistes de notre monde (notamment les troll·e·s et les nain·e·s, qui sont constamment dénigré·e·s par les humain·e·s du Disque-monde — et qui se dénigrent mutuellement aussi, au passage) : il enfonce des portes aujourd’hui ouvertes (du moins, encore une fois, dans les milieux militants) tout en résumant son discours à « Mais en fait on est quand même différents et on se conforme quand même à certains stéréotypes mais c’est pas grave, il faut accepter les stéréotypes comme partie de notre identité. » Et je trouve ça un peu moyen.
Enfin voilà. J’ai un avis mitigé. :/
À voir.
T8 – Guards! Guards! (VF : Au guet !)
FABRICATI DIEM, PVNC.
Samuel Vimes, alcoolique notoire, est capitaine du Guet Municipal d’Ankh-Morpork, la police locale. En sous-effectif, sous-payé, inefficace face au crime, le Guet est en plein déclin. C’est dans ce contexte qu’un culte royaliste va tenter de renverser Vetinari, le Patricien (sorte de dictateur plus ou moins toléré par la population de la ville), pour le remplacer par le descendant de la vieille lignée des anciens rois... en invoquant un dragon d’un autre plan (radical, me direz-vous — et vous aurez raison). Sauf que voilà, un dragon, ça ne se contrôle pas...
On m’avait vendu le cycle du Guet comme l’un des meilleurs du Disque-monde, à peu près au même niveau que celui de la Mort (), et force est de constater que ce premier tome vend sacrément du rêve. Là où le cycle des Sorcières est plus axé sur la littérature classique (Shakespeare, les contes de fée, etc.), celui du Guet est directement inspiré des vieux romans noirs : le détective anti-héros ayant sombré dans l’alcool, la plupart des scènes qui se passent de nuit, le monde hostile, les trahisons... et ça marche. Surtout lorsque tout cet univers est contrasté par la naïveté de Carrot, la toute nouvelle recrue du Guet, venu d’une autre ville, qui prend tout au premier degré et crée des situations comiques vraiment intéressantes. Pourtant habituellement pas mon genre, j’ai vraiment pris mon pied.
Heck yeah.
T11 – Reaper Man (VF : Le Faucheur)
WHAT CAN THE HARVEST HOPE FOR, IF NOT FOR THE CARE OF THE REAPER MAN?
Un beau matin, la Mort s’aperçoit qu’il est devenu mortel. Les entités qui gouvernent la Réalité, les Contrôleurs, n’ont pas des masses apprécié qu’il ait développé des sentiments et une forme d’empathie, préférant l’ordre et l’absence d’émotions, et ont donc prévu de le remplacer par une nouvelle Mort. Il va donc passer la fin de sa vie à faire ce qu’il sait faire de mieux : faucher... du blé, là, en l’occurrence. Dans une ferme, profitant de l’hospitalité d’une humaine rencontrée un peu au hasard, et avec laquelle il va beaucoup questionner le rapport à la vie et à la mort des êtres mortels, et la notion d’espoir chez l’Humain. En parallèle, l’absence de mort rend les choses un peu compliquées dans le monde des vivant·e·s, qui font face, en conséquence, à un sérieux problème de surpopulation. C’est aussi un livre qui critique l’urbanisation des villes et l’avènement de la technologie qui écrase l’artisanat.
J’ai adoré ce tome, les thématiques qu’il traite, l’humour qu’il emploie, la douceur du personnage de la Mort (vous ai-je déjà dit que j’aimais tout profondément le personnage de la Mort ? ), la fin touchante... Je ne peux que vous le recommander. Chaudement.
Un tome magnifique.
T13 – Small Gods (VF : Les Petits dieux)
’Slave is an Ephebian word. In Om we have no word for slave,’ said Vorbis. ‘So I understand,’ said the Tyrant. ‘I imagine that fish have no word for water.’
En Omnia, État religieux, la foi dans le dieu Om gouverne d’une main de fer. Toute différence d’opinion est considérée comme de l’hérésie et entraîne la torture puis le décès. La vie quotidienne est dirigée par les textes sacrés. Sauf que... sauf que le dieu Om n’a jamais dit ce qui apparaît dans lesdits textes. Et que, comme les croyant·e·s ne croient pas vraiment en lui mais en l’idée de lui que dictent les textes, son pouvoir s’affaiblit. Il décide donc de s’incarner sur le plan physique pour appeler à l’aide, trouver un nouveau prophète et rétablir la vérité. C’est ainsi qu’il se retrouve, mortel, coincé sous la forme d’une tortue. Et ça n’a rien de pratique.
Il est difficile de résumer Small Gods parce qu’il tacle énormément de sujets, et il le fait bien. Le rapport à la foi est bien évidemment au centre de l’œuvre, et il n’est jamais pointé du doigt comme mauvais par essence : Brutha et Vorbis présentent deux faces de la foi — l’ouverture empathique et le fanatisme aveugle, respectivement — sans qu’aucun ne soit particulièrement mis en valeur par rapport à l’autre. Mais c’est aussi un livre qui traite de la genèse des croyances, de tolérance, d’esclavage, de vérité et de nature humaine. C’est un livre profondément sympathique qui accomplit énormément de choses, tout en gardant l’humour classique et relativement inimitable de Pratchett. Il s’abaisse parfois à certaines analogies faciles ou à certains raccourcis réducteurs, mais assez rarement. Dans l’ensemble, il s’agit d’un épisode solide, qui mérite d’être lu.
Thumbs up!
T16 – Soul Music (VF : Accros du roc)
The hippo of recollection stirred in the muddy waters of the mind.
Suite au décès de son apprenti et de sa fille adoptive, la Mort entame un processus de deuil et quitte son poste. Sa petite-fille, Susan, intègre un orphelinat à la structure rigide. Et, dans tout ça, le rock arrive sur le Disque-monde.
À part le fait que ce soit le troisième tome sur la Mort qui part du même postulat (à quel point le monde devient-il chaotique lorsque la mort n’est plus là ?), le pitch avait tout pour me plaire : un road movie (road book ?) qui suit un groupe de musique qui amène le rock dans le Disque-monde, en faisant de multiples références aux débuts du rock et du blues dans notre monde et à l’imagerie populaire associée (qui forment la base de ma culture personnelle, ayant grandi dans un milieu de musicien·ne·s rockeur·se·s). Mais force est de constater que je n’ai pas du tout accroché. L’humour tombe à l’eau, les storylines ne m’ont absolument pas intéressé, le rythme est mouuuu, les références sont lourdes et pénibles, la fin est juste un tas d’actions incompréhensibles et pas agréables à lire, la Mort apparaît très peu et toujours pour de brefs instants inintéressants... Et le livre essaie de tacler le sujet du deuil, mais le fait affreusement mal, tout à la fin, en toute vitesse et en toute superficialité... Bof.
La seule rédemption qu’il trouve se situe dans le personnage de Susan, petite-fille de la Mort via sa fille adoptive Ysabell et son apprenti Mortimer, qui a hérité de certains des pouvoirs de son grand-père (arrêter le temps, passer à travers les surfaces, etc.). Elle est écrite avec beaucoup de soin (et est d’ailleurs modelée sur la fille de Pratchett, Rhianna, dont il souhaitait qu’elle reprenne le flambeau de la série du Disque-monde à sa mort, chose à laquelle elle s’est vivement opposée, décrétant que personne ne pouvait continuer l’histoire de son père sans la dénaturer) et est vraiment chouette à suivre. Qui plus est, c’est peut-être le personnage (probablement avec Tiffany Aching, qui, elle, marque davantage la thématique de l’héritage père-fille) qui évolue le plus au fil des tomes. On la suit adolescente ici, puis jeune adulte dans Hogfather, où elle est fille au pair pour une maison bourgeoise, puis plus âgée dans Thief of Time, où elle est la meilleure institutrice du monde xD Donc... yay pour Susan, nay pour tout le reste. ¯\_(ツ)_/¯
Argh.
T20 – Hogfather (VF : Père Porcher)
’All right,’ said Susan. ‘I’m not stupid. You’re saying humans need... fantasies to make life bearable.’ REALLY? AS IF IT WAS SOME KIND OF PINK PILL? NO. HUMANS NEED FANTASY TO BE HUMAN. TO BE THE PLACE WHERE THE FALLING ANGEL MEETS THE RISING APE. ‘Tooth fairies? Hogfathers? Little—‘ YES. AS PRACTICE. YOU HAVE TO START OUT LEARNING TO BELIEVE THE LITTLE LIES. ‘So we can believe the big ones?’ YES. JUSTICE. MERCY. DUTY. THAT SORT OF THING. ‘They’re not the same at all!’ YOU THINK SO? THEN TAKE THE UNIVERSE AND GRIND IT DOWN TO THE FINEST POWDER AND SIEVE IT THROUGH THE FINEST SIEVE AND THEN SHOW ME ONE ATOM OF JUSTICE, ONE MOLECULE OF MERCY. AND YET — Death waved a hand. AND YET YOU ACT AS IF THERE IS SOME IDEAL ORDER IN THE WORLD, AS IF THERE IS SOME... SOME RIGHTNESS IN THE UNIVERSE BY WHICH IT MAY BE JUDGED. ‘Yes, but people have got to believe that, or what’s the point—‘ MY POINT EXACTLY.
Alors que les Contrôleurs de la Réalité tentent d’assassiner le Père Porcher (le Père Noël du Disque-monde), la Mort () et Susan () se trouvent obligé·e·s d’endosser le manteau de Père Porcher pour l’un, et de traquer les assassins pour l’autre, dans le but de sauver la magie des fêtes de fin d’année.
Ça peut paraître énormément cliché, là, dit comme ça. Mais boy, oh boy, qu’est-ce que c’est bon. Là où n’importe quel téléfilm de Noël tendra à justifier la fête par un essentialisme (il faut protéger Noël parce que Noël est bien), Hogfather creuse énormément plus loin en questionnant l’importance des symboles et des croyances pour la psyché humaine, en affirmant que croire en des fêtes arbitraires s’inscrit dans un système de croyances dans les valeurs humaines, bien plus large que les seules célébrations. Et puis, le roman se lit vite, est tout doux, tout agréable. Avec un chocolat chaud un soir d’hiver, c’est top.
On pourrait discuter l’idée de faire de l’antagoniste du tome une personne souffrant clairement de troubles psychiatriques, puisqu’elle fait du coup partie du problème systémique qui propage énormément de violence envers les patient·e·s psy, mais le fait est que j’ai énormément apprécié (non sans honte) cet antagoniste. Il transcende la réalité dans son exagération, et ses passages dans le livre sont particulièrement jouissifs à lire.
Heck yeah bis.
T26 – Thief of Time (VF : Procrastination)
In the second scroll of Wen the Eternally Surprised a story is written concerning one day when the apprentice Clodpool, in a rebellious mood, approached Wen and spake thusly: ‘Master, what is the difference between a humanistic, monastic system of belief in which wisdom is sought by means of an apparently nonsensical system of questions and answers, and a lot of mystic gibberish made up on the spur of the moment?’ Wen considered this for some time, and at last said: ‘A fish!’ And Clodpool went away, satisfied.
Je ne vais même pas tenter de résumer ce livre. Ce serait lui faire du mal. Beaucoup de mal. Parce que ce livre est génial. C’est mon préféré de la série. C’est le summum de ce qu’on peut faire de mieux (si on oublie la représentation raciste de Lu-Tze, raciste parce que calquée sur les représentations racistes qui pullulent dans le cinéma mainstream de vieux sages asiatiques, qu’on retrouvait déjà dans Small Gods).
La narration et le rythme sont tellement bien géré·e·s que chacun des twists est à la fois suffisamment prévisible pour qu’on ait deviné un paragraphe avant ce qui allait se produire et en même temps suffisamment inattendu pour amener plus de questions et finalement ne pas être tout à fait ce à quoi on s’attendait. Et ça rend la lecture sacrément satisfaisante, là où elle aurait pu être affreusement compliquée étant donné le pitch.
Vraiment.
Ce livre est cool.
Ce livre est cool. Vraiment.
Prochaine critique de la série : Moving Pictures !
Dernière édition par L'erreur sociale le Ven 25 Jan - 21:45, édité 13 fois (Raison : [CPJ])
Ceres
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Sujet: Re: [Saga] Les Annales du Disque-monde Ven 5 Jan - 14:45
En effet, quel pavé ! Mais c'est une bonne chose, quand on ne sait pas trop par où commencer avec cette saga, des pavés de ce genre permettent de se faire une idée plus précise de ce qui nous attend.
Juste un détail :
L'erreur sociale a écrit:
La huitième couleur, l’octarine, est la couleur typiquement associée à la magie, que seuls les mages, les sorcières et les chats (allez savoir pourquoi… Pratchett avait l’air d’apprécier ces bestioles-là).
Ta phrase n'est pas finie Je n'ai pas fait attention si d'autres oublis de ce genre sont présents, mais ici ça m'a marquée.
Dernière édition par L'erreur sociale le Lun 22 Jan - 13:11, édité 1 fois (Raison : Corrigé par L'erreur sociale)
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Sujet: Re: [Saga] Les Annales du Disque-monde Ven 5 Jan - 14:49
Ah oui, en effet, petite coquille. C'est corrigé ! Merci
(En fait, c'est typiquement le truc où, pendant que j'étais en train d'écrire cette phrase, mon cerveau a dû se dire : « Hey, il ne faut pas que t'oublies de parler d'autre chose ! », et du coup j'ai dû écrire à propos de cette autre chose par peur d'oublier, et le temps de revenir à ma phrase je n'ai pas fait attention qu'elle n'était pas terminée ^^)
Cela dit, c'est pas tant un pavé que ça. Le fait qu'il y ait trouzmille images donne l'impression que c'est long, mais en pratique le texte ne l'est pas tant que ça xD
Dernière édition par L'erreur sociale le Lun 5 Fév - 18:19, édité 1 fois (Raison : [CPJ])
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Sujet: Re: [Saga] Les Annales du Disque-monde Ven 5 Jan - 18:20
Je vois tout à fait de quoi tu veux parler Oh, je pense que, même sans les images, ça fait quand même un bon petit texte à lire. Mais, comme je le disais, ce n'est pas gênant.
Dernière édition par L'erreur sociale le Lun 22 Jan - 13:12, édité 1 fois (Raison : Corrigé par L'erreur sociale)
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Sujet: Re: [Saga] Les Annales du Disque-monde Mer 10 Jan - 19:42
T10 — Moving Pictures (VF : Les Zinzins d'Olive-Oued)
'Did I hear things, or can that little dog speak?' said Dibbler. 'He says he can't,' said Victor. Dibbler hesitated. 'Well,' he said, 'I suppose he should know.'
Un jour, un peu par hasard (vraiment ? pas sûr...), un des alchimistes d'Ankh-Morpork a une idée. Une idée révolutionnaire. La technique de la photographie existe déjà dans le monde du Disque-monde, grâce à des petits démons qui dessinent très vite. Mais... et si on leur faisait dessiner plein d'images qui se suivent et qu'on déroulait la bande ainsi créée ? Eh oui. Le film arrive dans le Disque-monde, et c'est l'occasion de dresser une parodie des débuts d'Hollywood, mais également de parler un peu de nature humaine, de rapport à la célébrité, et, dans une moindre mesure, d'exploitation économique.
Pratchett a développé, au fil des tomes du Disque-monde, une écriture profondément cinématographique : que ce soit dans les actions des personnages, la manière de décrire les scènes, mais également dans le rythme. Les coupures dans le récit, pour passer d'une histoire à une autre, d'un personnage à l'autre, rappellent les cuts d'un film, et utilisent des stratégies narratives très similaires. Jusqu'au climax du livre, qui en devient franchement caricatural dans la manière avec laquelle il est rythmé. C'est donc avec beaucoup de pertinence qu'il dédie ce tome à la cinématographie, justement.
Malgré qu'il regorge de bonnes idées (et que ce soit, à ce jour, la meilleure utilisation des Choses des Dimensions de la Basse-Fosse que j'ai eu l'occasion de lire, loin devant Equal Rites), malgré que j'aime beaucoup la manière qu'a Pratchett de faire graduellement monter la tension dans le fond, de telle sorte qu'on pressente une fin catastrophique s'annoncer dans le calme et la naïveté ambiante, je trouve cet opus un peu faible. Les personnages ne sont toujours pas vraiment bien écrits et, quoiqu'on puisse reprocher cela de presque tous les personnages du Disque-monde, une critique que j'ai eu l'occasion de lire un peu avant de rédiger celle-ci fait remarquer, à juste titre :
Victor Tugelbend, in particular, is, yes, not the most exciting character, but he’s the same not-the-most-exciting-character almost all the previous books have been based on – he’s Rincewind in his early installments (before he became just ‘the guy who runs away’), he’s Esk, he’s Mort, he’s the Fool, he’s Pteppic, he’s Everyman. In himself, he’s perfectly adequate. The failure comes from the way that he fails to live up to the demands of the book. The Pratchettian Everyman is plagued by the problem of passivity – he’s typically a wry observer only forced into reluctant action by unwelcome exigencies. But here, he’s given a lot more scope, a lot more agency, a lot more room to breathe… and he’s not the character for the job. Victor would probably be fine, rushed from emergency to emergency like some other characters, but put into a more heroic role, he’s a little... dull. Plodding. Similarly, the Everyman tends to be a fairly straightforward character; somebody more interesting might grab this novel by the scruff of the neck, but despite being given the opportunity Victor never indulges in too much interesting internal reflection. Though I don’t believe there’s anything per se wrong with Victor as a character, in this novel he feels like something of a missed opportunity.
Je traduirai dans le détail plus tard si vous le souhaitez, mais l'idée est la suivante : Victor (un des personnages principaux, peut-être le plus important, de ce tome) est construit comme un personnage passif, comme souvent chez les protagonistes du Disque-monde, qui sont forcés à aller de péripéties en péripéties sans avoir réellement de choix, mais Victor est également placés dans le rôle d'un héros qui doit faire des choix, et de ce paradoxe naît une dissonance qui rend l'intérêt qu'on peut lui porter difficile.
Qui plus est, l'intrigue n'est jamais suffisamment passionnante (à mes yeux) pour maintenir l'intérêt de la lecture, qui a été sauvé de peu par le plaisir particulier que j'ai pu trouver dans le fait de reconnaître moult parodies de scènes cultes du cinéma, que ce soit King Kong, Attack of the 50 Ft. Woman, The Blues Brothers, Gone with the Wind, les premiers films d'Holywood, etc.
Après, et ça ne concerne pas réellement l'écriture et n'est pas de la faute de Pratchett, mais j'ai de plus en plus de mal avec l'éditeur des versions poche du Disque-monde, Corgi. Je n'avais pas évoqué que, dans Reaper Man, l'édition originale avait une portion de son texte placée sur une page de gauche, de telle sorte à ce que ce soit une surprise lorsque le/la lecteur·trice tourne la page et tombe sur ce mot qui occupe seul toute une page et qui a disparu dans les éditions de poche : le mot est relégué sur une page de droite, ne prend qu'un tiers de la page... Et puis, quelques erreurs se glissent parfois dans le texte : faute de frappe, d'orthographe, ponctuation manquante. C'était relativement rare jusque-là, donc à part pour le cas Reaper Man qui m'avait un peu fait sortir de mes gonds, je prenais sur moi. Après tout, quelques erreurs peuvent se produire. Mais dans Moving Pictures, elles foisonnent. Vraiment. Ça rend la lecture pénible. Offrez-vous des correcteur·trice·s, Corgi.
Bref. Trêve de digression (gression !).
Dans l'ensemble, meh. Pas un mauvais livre, pas génial non plus.
Prochaine critique de la série : Witches Abroad !
Dernière édition par L'erreur sociale le Mar 24 Juil - 21:24, édité 6 fois (Raison : [CPJ])